Un spot à Panajachel face au lac d’Atitlàn et sa majestueuse ceinture de volcans colériques...

Nous nous posons trois jours sur le terrain d’un hotel sur la « riviera maya », moui pas aussi classe que son nom le voudrait mais on a une belle vue sur les volcans.



 


Les trois plus connus et les plus hauts, dans les 3000-3500, le Toliman, le San Pedro et l’Atitlan.


Le lac est lui-même à environ 1500 m d’altitude. Les volcans sont impressionnants devant cette immense étendue d’eau (28 km sur 8), profond de 350m.

Un vrai beau lac devant nous pendant 2 jours, grand comme une mer surtout qu'on n'en voit pas les bords la moitié de la journée avec les nuages qui se mettent comme un couvercle .


Il y a 85000 ans eut lieu ici même une éruption monumentale que l'on nomme los Chocoyos, tellement puissante qu’elle propulsa des nuages de poussière sur 6 millions de km2 jusqu’en Floride et en Equateur.

Avec le temps la chambre magmatique vidée par cette éruption s’est remplie d’eau, pour former le lac Atitlan.


Le Guatemala est top en tectonique et en sismique. Situé sur 3 plaques terrestres, et bourré de volcans, dont certains hyperactifs.


Eruptions et tremblements de terre sont des calamités supplémentaires, venant s'ajouter à la misère, malnutrition, analphabétisme, injustice sociale entre les 'ladinos' (métis) et les indiens mayas. On estime à 80% le taux d'indiens vivant en dessous du seuil de pauvreté selon les normes internationales.


Partons en tuc tuc à Pana (jachel) qui est à côté mais la portion de route à longer est juste trop dangereuse. Le petit centre est empli de boutiques d’artisanat local. Le tourisme représente 1/3 des ressources du pays, un autre tiers pour le café, on compte aussi l’exportation de sucre, cacao, bananes..

Sur le front de mer, de nombreux restos sur pilotis, à plusieurs étages. Et des pontons à n’en plus finir, du haut desquels les lancheros aguichent le touriste, nous en l’occurrence. Ils proposent des balades en lanchas sur le lac pour aller visiter certains des 19 villages autour du lac. Sur 19, 12 villages portent le nom des apôtres du Christ.


Rv est pris pour le lendemain 7:30 au ponton de notre hotel, la classe 😉, avec Jorge, un jeune homme à casquette et lancha privada.

Le plus tôt le mieux car le lac est dégagé généralement le matin, avant qu’un couvercle de nuages vienne s’abattre, et que ses eaux deviennent plus tumultueuses.

Un resto recyclo, l’abuelo sculpte et transforme toute chose depuis des décennies. Excellent !

Et apparemment le plus vieux rade de la ville.


De bon matin donc nous traversons le lac jusqu’à la rive sud opposée. Le temps est dégagé mais il y a ce fond de brume agaçant qui force les yeux à faire le focus sans cesse.

Première étape, Santiago de Atitlan, le plus gros bourg autour du lac. Arrivée en fanfare car Jorge malgré son jeune âge est amateur de musique des 80s qu’il écoute TRES fort pour couvrir largement le bruit du moteur de la lancha. Les garçons sont trooop contents avec 2 unlimited boum boum, en revanche les gars de l’embarcadère le réprimandent.

Nous tombons sur Abraham, guide en tuc-tuc, la solution confort au vu des rues pentues et de la grosse chaleur même à cette heure matinale.

Il nous emmène voir Maximon (se dit machimonne), une idole maya sulfureuse. Maximon est une statue en bois représentant un homme maya sans jambes. Apparemment il en existe plusieurs sortes, selon les villages, il est parfois même représenté en femme. Il incarne la tradition maya teintée de catholicisme.

Dans une petite rue on entre dans une courette puis dans une maison toute simple et vétuste, bien loin du temple qu’on imaginait. De la pièce s’échappent des fumées de copal une sorte de résine que brûlent les mayas dans leurs rituels.

Cette statuette mesure environ 1,30m, de corpulence humaine mais sans les jambes. Il porte un chapeau et tout un tas de foulards indiens. Dans sa bouche une cigarette se consume (il fume bien son paquet dans la journée), devant lui de l’alcool . Et cerise sur le gâteau, des billets de banque glissés sous son cou. Autour les ‘grand prêtres’ mayas palabrent, assis sur des tabourets. D’un côté de la pièce une dizaine de statues de saints catholiques avec robes violettes et billets de banque itou.

De l’autre côté, un genre de grand cercueil transparent avec néons fluos abrite une statue du Christ haut en couleurs. Le plafond de la petite salle est recouvert de guirlandes. Dans cette ambiance surchargée de symboles, la famille de la consultante est assise sur des bancs le long des murs, ainsi que ceux qui attendent leur tour. Une femme, assise sur un tabouret avec les prêtres et le dieu, vient chercher le secours de Maximon car elle est atteinte de diabète une maladie très rare dans le coin. Après avoir vu des médecins à Mexico elle est ici avec des offrandes (alcool et bouteilles de coca).

C’est une sorte d’exorcisme, Maximon ayant le pouvoir de libérer (ou non) les possédés. L’un des prêtres mayas parle sans cesse, il discute avec l’idole. De temps en temps des incantations. Les deux autres parlent aussi de temps en temps, ou s’occupent de boire et d’enlever la cendre de la cigarette de Maximon. Un assistant pulvérise toute l’assistance de parfum, et le prêtre balance son encens généreusement. Nous faisons nous aussi un sacrifice (de 5 quetzals) à l’idole, histoire de s’offrir sa protection 😉. La scène est surréaliste, les enfants ont la bouche bée, j’aimerais tellement comprendre la langue des Tzutuhils dans des moments pareils.

Une fois ressortis, Abraham nous explique que les Mayas Tzutuhil après la Conquista ont réuni trois figures qui incarnaient pour eux le mal: Judas, le dieu de la mort maya et Pedro de Alvarado, le conquistador qui soumit le Guatemala dans la cruauté.

Le paradoxe est tel que les mayas de cette région des hautes terres de l’Atitlan (Maximon est très local) maudissent ce dieu-diable en même temps qu’ils lui vouent un culte assidu, cherchant à se placer sous sa protection. Tout ceci est fort mal vu des curés catholiques qui aimeraient éradiquer ces pratiques païennes.

Dans les villages, Maximon change de maison chaque année à l’occasion d’une grande fiesta. Et pendant la Semaine Sainte, il défile en grandes pompes avec Jésus et ses saints.

Je n’ai pas eu l’autorisation de faire de photos mais en voici une trouvée sur le net…merci au photographe ;)

 


Nous repartons en tuc tuc, direction le mirador (= point de vue) sur le lac magnifiquement bleu.

en cheminant…

de nombreux avocatiers , immenses arbres. L’une des ressources principales du village avec le café.



Les transports en commun..


Un arrêt solennel au Jardin de la Paix, repos des martyrs des conflits entre la guerilla et l’ejercito au début des années années 90, alors que le Guatemala subissait déjà depuis 30 ans une guerre civile. Une dizaine d’enfants et de jeunes sont enterrés ici. Le guide nous explique que les habitants du village n’ont pris aucun parti dans ces conflits.


Nous descendons voir les femmes mayas qui lavent leur linge au lac.

L’Espagne a offert un beau lavoir au village, mais les femmes refusent de l’utiliser. Elles veulent perpétrer la tradition. Abraham nous dit que 5% des femmes seulement font encore cela, car depuis que l’ambassade du Japon a offert au villageois deux gros tanks pour stocker l’eau, le confort de l’eau courante a transformé les pratiques.

Parmi les femmes que nous voyons, des jeunes qui ont certainement fait le choix de la tradition.


Nous faisons un tour de marché

 


L'humour est dans le jeu: des échecs où s'affrontent les espagnols et les mayas, cheval et jaguar..

Nous prenons un excellent café chez Rafa. Une belle feuille de caféier décore mon cappuccino comme le veut la tradition.

le vieux moulin à café



ambiance dans la rue, beaucoup de circulation, véhicules hétéroclites et passage de voitures publicitaires en force de volume sonore

un homme en costume traditionnel (ci dessus)

et un homme en chapeau traditionnel (ci dessous, ne se porte plus que par les touristes!)


Nous reprenons la lancha en musique , direction San Pedro en contrebas du volcan du même nom.

En chemin nous faisons une longue halte baignade sur une plage de sable gris noir, issu des roches volcaniques.

 



Musica!!!



A San Pedro ambiance similaire, beaucoup de monde dans les rues du marché, en fait c’est le marché partout 😉

On trouve un terrain de basket couvert du soleil (que bueno!) et des comedores de rue. Les garçons tapent la balle avec des gars du coinl. On discute avec la cuisinière, elle nous dit que l’école est obligatoire jusqu’à 18 ans au Guatemala mais beaucoup de familles ne peuvent en fait pas payer l’équipement nécessaire (2 uniformes, livres, cahiers..) et les enfants restent à travailler . Elle parle le dialecte maya local mais aussi l’espagnol.



Une très jolie place au cœur du village, avec l’église des conquistadores.

 

un colibri hyperactif (fort difficile à capter en photo!)


Nous repartons, et décidons d’arrêter la visite de villages, il commence à être tard. Julien sort la canne à pêche, plein d’espoir, Jorge nous ayant dit que le lac regorge de poissons.

Une demi-heure plus tard toujours rien, quand nous croisons un pêcheur plus chanceux : le gars muni d’un simple fil mouline avec ses bras et sort des poissons à la chaîne !! Jorge (qui aurait quand même pu le dire plus tôt !) nous explique que Julien pêche en surface alors que les poissons sont tous au fond. Comme dit la chanson, ça fait rire les oiseaux..!


Nous rentrons au campement, un long retour avec le bateau qui tape fort sur le lac, ça secoue ++.

Le lac est maintenant dans les nuages.

 

 nous partons ensuite pour 'la' Antigua, comprenez la antigua cuidad capital del Guatemala.