Arrivés dans la soirée à l’hotel El Muelle à El Remate, selon les recommandations de nos amis belges, nous profitons du clapotis des eaux rafraichissantes du lac de Peten Iza. Nous n’avons jamais été garé aussi près de l’eau, les pieds/ les roues dans le lac !

Les hôtels louent des coins de leur site très facilement. Nous n’avons fait que très peu de camping sauvage sur des sites non surveillés. Parfois des terrains entourant des lieux touristiques , souvent des jardins ou parking d’hotel, ou des parkings de plage, de marina, ou de centre de police. Aux US, les parkings des Walmart (les énormes supermarchés) sont bien connus des camping caristes. Il y a très très peu de campings au Guatemala. Et le tourisme n’est pas encore beaucoup développé, ce qui participe aussi au charme de ce pays encore très authentique.


Baignade nocturne donc, il fait une chaleur épouvantable (je sais, je répète…) et l’on nous dit (encore…) qu’il s’agit d’une canicule exceptionnelle (Que pena !!).


Demain matin réveil à 5 :10 pour être dès l’ouverture à Tikal, à 30km d’ici. On est chauds bouillants, trop hâte !

Nous arrivons d’abord à l’entrée du site, qui ouvre à 6h00, et nous sommes en avance, yeah, en 4e position dans la file de véhicules.

Passé le portail et les assauts de guides potentiels, il reste une quinzaine de km de jungle à traverser, et surprise la route est parfaite, point de piste mais un bitume de toute beauté. Il faut bien respecter la vitesse max de 40 km/h sous peine d’énorme amende (ils notent l’heure d’entrée et vérifient à la fin de la route).


Parking, déjà quelques voitures. Le jour vient de se lever, au-dessus de nous des toucans (enfin des toucans libres !!) et des singes araignées qui cabriolent dans les arbres. Ça commence fort 😉

Crème solaire, chapeaux, de l’eau, on attend plus de 40°. Baskets et pantalon, il y a des serpents venimeux.

On rencontre Juan, probablement l’un des plus anciens guides de Tikal. Maya et fier de l’être. Bon feeling, good vibes, on signe !

Nous partons pour 4 heures de balade dans le gigantesque parc   dont ‘’seulement ‘’ 16 km2 sont accessibles au public. Nous prenons des sentiers dans la jungle ou des ‘calzadas’ (chaussées) crées par les mayas. Il y a des réservoirs d’eau de pluie ça et là, creusés par les mayas dans cette immense forêt sans rivière. Niveau faune et flore, nous sommes servis, avec des singes araignées et des singes hurleurs, qui poussent des cris formidables pour défendre leur territoire. Une fois repérés à l’oreille, le guide tape des mains encourage leurs hurlements. Sans le savoir, j’aurais associé ces sons à un éléphant ! Très étrange.

le devant!

et le derrière ;)

singe araignée


singe hurleur

Nous croisons beaucoup de ces animaux appelés ici Coatis ou Pizote en plus familier, ou encore Tejon au Mexique. Adorables petits carnivores aux longues griffes… De nouveaux pigeons pour Gabin ^^

Dans le bestiaire également un gros rat sans queue…

Et des crocodiles fantômes partis à cause de la sécheresse (mais partis où ?? on ne saura jamais)

Des termitières, et des chemins de fourmis larges comme les champs élysées.

Sans compter tous les animaux qui nous ont probablement vus sans se montrer, les jaguars fourmiliers, serpents.


Au rayon arbres, grand spectacle. Des Ceibas géants, les arbres sacrés pour les mayas qui tissaient leurs fleurs semblables à du coton .


Les Sapotilliers, dont la sève s’écoulait des entailles en croix exécutées  par les machettes des chicleros, puis cuite pour produire de la gomme à mâcher ( = chicle). Ces arbres servirent aux Mayas pour construire les charpentes de leurs temples.

 


Le bois de Copale, dont la résine sert à fabriquer une sorte d’encens utilisé par les mayas dans leurs rituels.

 

la résine du copale



El arbol de la muerte, arbre de la mort donc, qui emprisonne et finit par tuer un autre arbre.

 


Et un tas d’autres dont j’ai oublié les noms.

 


Et les veilles pierres… ambiance magique, mystérieuse aux premières heures du jour, quand nous étions encore seuls à marcher des siècles en arrière. Tikal signifierait ‘le lieu des voix des esprits’.

Les premiers Mayas, dont la civilisation s’est développée de -800 à 900 ap. JC, seraient arrivés dans cette jungle hostile vers 200 av. JC, élisant ces lieux pour des raisons stratégiques commerciales ( silex, plumes, bois .. à troquer) et guerrières. Vers 750 ap JC, la partie principale de la ville s’étendait sur presque 65 km2. Aujourd’hui sur les 576 km2 de parc protégé, on estime la présence de 3000 édifices, souvent les uns construits sur les ruines des autres par les différentes générations, les Mayas étaient d’insatiables bâtisseurs. Très peu de structures ont été excavés, la plupart dorment sous la végétation.  Ce travail nécessite énormément d’argent. Les travaux se font lentement mais respectueusement des lieux, et la cité conserve un charme indéfinissable.

Tikal fut découverte en 1848 par des colonels espagnols des autorités du Péten. En 1955, le site fut ouvert au public, et en 1979 inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Les visiteurs peuvent se balader sur 16km2, le centre de l’ancienne cité où se trouvent les ruines. Autour se trouvaient les maisons en terre du peuple, artisans, commerçants, paysans, aujourd’hui disparues.

La cité n’avait pas d’autres ressources en eau que l’eau de pluie, qu’elle recueillait dans de nombreux bassins réservoirs.

A l’époque, Tikal était recouverte de stucs de couleurs vives et de sculptures. Mais les pluies tropicales, la jungle et les pillages ont fait disparaitre tous les ornements.

Au cœur de la jungle donc, on trouve des temples, des palais résidentiels de la noblesse, des acropoles, des places, des lieux de marché, des jeux de balle – un rituel lié à la religion pour les Mayas, et très codifié. Des stèles, de nombreux autels de sacrifices, des greniers souterrains à maïs et autres récoltes. Des fours à chaux (reconstitués pour information).


les sept temples


  Gabin visitant un silo- grenier souterrain


l'aventure…

Des lits de pierre dans les chambres des palais : à l’époque, recouverts de végétation comme des palmes et de peaux d’animaux. On en voit un au fond dans le coin du bâtiment. Au milieu c'est Juan le guide.

 

Le plus haut temple du site, le Templo IV ou du Serpent Bicéphale. 70 mètres et une vue saisissante sur la canopée.

Le plus célèbre aussi, connu des amateurs de Star Wars pour avoir été filmé par George Lucas  dans l’épisode IV comme la base secrète des Rebelles de Yavin. Et figurant aussi dans le dernier Indiana Jones: 


La grande place, présente les prouesses architecturales de mille ans de construction. Deux pyramides se font face. Le temple du Grand jaguar, en l’honneur du big boss de l’époque vers 700 ap. JC, le roi Ah Cacao dont la chambre funéraire a été retrouvée en dessous, avec son squelette et des kilos de jade et de coquillages.

9 plate-formes, le nombre sacré des Mayas, le nombre de niveaux de l’univers, 3 sous terre en eau, 3 sur terre et 3 dans le ciel.

Ce temple était peint de couleurs vives, rouge, vert, bleu et beige.

Au centre de la place, des autels de sacrifice. Juan nous dit qu’il en faisait souvent 9 à la fois.

Autour, des gradins pour le peuple écoutant leur roi – par exemple ‘grande Patte de Jaguar’, ou ‘Premier Crocodile’, ou encore ‘Ah Cacao’ qui redora le blason de Tikal au VIIIe siècle.

Temple des masques

Le temple des Masques (rapport aux sculptures le décorant), érigé (on suppose)en l’honneur de sa femme dont la tombe n’a pas encore été découverte. Ca donne envie de creuser …


C’est le lieu des Echos : un travail précis sur l’acoustique des pierres, avec deux pierres dressées face à face entre les deux grandes pyramides de la place, à des dizaines de mètres de distance. On a testé, lorsqu’on parle entre ces deux pierres le son est réellement amplifié, ce qui permettait aux gouvernants et autres chefs spirituels de s’adresser facilement à l’auditoire. Sur la photo on voit la pierre dressée devant le temple des masques. Il y a la même en face.

 

Une stèle représentant un guerrier Maya avec son panache de plumes (signe de noblesse et de richesse) terrassant un prisonnier.

 

Des hiéroglyphes Mayas

 

Juan nous parle des codex : il y en a 3 en Europe Paris, Dresde et Madrid, et plusieurs en Amérique centrale.

 

Sur le côté, 3 terrains de jeu de balle, un jeu sacré réservé à l’élite. Les joueurs se lançaient une balle en caoutchouc afin de marquer un ‘but’ dans un anneau vertical. Particularité, mains et pieds interdits, il fallait se servir des coudes, hanches, genoux. Pas testé 😉

 terrain de jeu de balle entre les gradins


Autour, les demeures de la noblesse et des lieux administratifs.

Des palais et des structures construits les uns sur les autres en superposition au fil du temps.

 

 

Certains rituels Mayas représentés sur des graffiti à l’intérieur des temples :

-l’arrachage de dents ou la mutilation de certaines dents

- l’incrustation de pierres (surtout jade) dans les dents

- signe de noblesse : aplatissement de la tête grâce à des instruments en bois utilisés dès la naissance quand les os sont bien mous …

- autre signe élitiste : le panache de plumes dans les cheveux

- l’arrachage de cœur par les grands prêtres pour les sacrifices : d’abord, une entaille à la pierre d’obsidienne, puis arrachage du cœur à la main...

- le troc : ils parcouraient de grandes distances pour échanger, notamment des pierres précieuses, bois, plumes, silex..

Leur cité partenaire préférentielle était Teotihuacan (au Nord de la Cuidad de Mexico, nous y sommes allés au début du voyage) la plus grande cité Aztèque. Tikal montre d’ailleurs l’influence de Teotihuacan dans on architecture, avec les coins obliques de certaines pyramides, à la mode Aztèque.


Les mêmes dieux sous d’autres noms : le dieu de la pluie Tlalloc aztèque et Tchac en maya


le serpent à plumes Quetzalcoatl (le fameux oiseau emblématique du Guatemala qui se laisse mourir quand il est privé de liberté)

d’ailleurs Juan nous sort un billet pour que nous comprenions visuellement que l’image du serpent est liée à la forme ondulante et la longueur de l’oiseau avec ses plumes de queue ! ah oui !

 

photos des temples en vrac:

le roi s'adressant au peuple du haut de son trône


les ceibas …


les toits mayas et les linteaux sculptés d'origine


en attente de sacrifices..



Voilà encore une belle journée riche en émotions et en découvertes 😊

Vers midi la chaleur est insoutenable (je me répète !) et nous partons sans voir le musée, il fait au moins 40 degrés, nous avons un besoin impératif de baignade.

Retour au campement devant l’hotel El Muelle à El Remate, tout au bord du superbe lac de Péten Iza.

Barbotage, farniente. Les gars se font des potes qui PECHENT DES POISSONS A LA MAIN. Gros succès.

On rencontre un couple de Suisses qui arrivent du Belize en camion comme nous. Echange de bons plans, genre la frontière Guatemala Belize, assurance du véhicule juste dans ce petit pays, ou faire du bon snorkeling avec les requins et les raies, les spots sympas, tout ça tout ça…

Coucher de soleil fabuleux, juste trop rapide !

tour de drône pour ouvrir l'horizon!


Ce spot était pour nous le meilleur du voyage. Les pieds dans l’eau, eau douce de surcroît, la musique latina en fond, le wifi qui fonctionne bien (c’est trop rare), un salon de jardin à l’ombre, le ponton pour plonger, la chaleur, les gens très sympas… Du 5 étoiles !

 


Le lendemain, départ pour le Bélize.

En route, on se retrouve dans une longue caravane de manifestants, pour un candidat aux élections imminentes.

Grosse ambiance!