Samedi 16 février nous quittons pour de bon Cuernavaca en bus pour rejoindre Héroica Zitacuaro dans l'état de Michoacán, au centre du pays et dans les montagnes connues comme la Sierra Nevada ou encore la ceinture Transvolcanique ;)

Ceinture qui fait d'ailleurs défaut dans l'autobus, début du trajet jusqu'à Toluca ,3 heures difficiles dans les lacets de la route montagneuse d'abord puis des plaines et des topes , et encore des topes (dos d'âne parfois à angle droit). A Toluca nous enchainons avec un deuxième bus. Jolies routes dans les montagnes bien vertes, beaucoup de pins et de sapins, sur des prairies toutes jaunes, la vue est immense. Les plaines d'altitude sont parsemées d'habitations et de villages, toujours sous haute couleur et protection divine mais aussi beaucoup de parpaings, et les armatures qui attendent le nez au ciel un étage suivant. Quelques photos prises du bus.

Nous arrivons à Zitacuaro en fin de journée. Nous trouvons notre "hotel" particulier , la maison de la maman du gars qui nous accueille dans sa minuscule boutique de Tshirts et cigarettes.

la dame adore les plantes…


au marché

un souffleur de verre!

Cuidado! il faut pas trop embêter le gars avec des questions…

dans le marché couvert… elle enlève les épines des feuilles de cactus puis les coupe en petits morceaux pour préparer des salades…

Très bonne ambiance, juste la trouille des rats qui eux aussi font leur marché…


Nous partons le lendemain en mission MARIPOSA, en taxi depuis Zitacuaro il y a une vingtaine de km nous revenons juste après la frontière de l’état de Mexico au pied du mont Cerro Pélon, l’un des trois « sanctuaires » visitables (il y en a 8 ) de papillons monarques, et celui avec le moins d’affluence car le plus raide à grimper.

On arrive en plein cagnard dans un petit village de montagne, quelques guides nous accueillent avec empressement, il y a peut etre 5 -6 autres touristes seulement. On a bien fait de venir ici sachant que les autres sites plus accessibles accueillent environ 8000 visiteurs par jour en haute saison (en ce moment). Une petite guitoune pour les billets d’accès au site et nous voilà en chemin à pieds avec notre guide, suivis par 2 jeunes du village Santiago et Alejandro qui entrainent deux petits chevaux portant Léon et Gabin. Il y a environ 5 km de montée, jusqu’à 3000 mètres environ, mais le dénivelé reste correct, +400m.

Dès le village il y a des papillons dans tous les sens. Mais pas autant que nous attendions. Nous avions en tête des images d’envol en nuée, or ce sera dans quelques semaines au mois de mars, le grand départ groupé.

En chemin par endroits les papillons sont très nombreux.

En haut, une zone protégée permet d’observer à distance et en silence les papillons agglutinés sur les branches des sapins oyamel, on ne voit même plus les branches qui croulent sous des grappes marron.

Visuellement on s’attendait quand même à un plus grand spectacle, après c’est l’idée de leur fabuleux cycle de vie qui a rendu ce moment impressionnant.

La balade en forêt était magnifique, de beaux arbres , beaucoup de fleurs, et la fraicheur enfin. Les gars ont adoré jouer les caballeros et les 3 guides étaient très sympas.

 

le cheval de Gabin a tout le temps faim!


Deux trois infos sur les paillons 😉

Les papillons monarques de l’est des USA et du sud du Canada font un voyage de migration lorsque l’hiver approche pour aller procréer dans les forêts de Michoacán, au Mexique.

Il existe une autre population de monarques sur la côte ouest qui elle hiverne en Californie.


Les monarques peuvent vivre jusqu’à neuf mois, c’est douze fois plus que les autres papillons en moyenne.

Ils ont un énorme pouvoir polinisateur, c’est pour cette raison que l’écosystème de la forêt de Michoacán est un des plus diversifiés au monde au niveau des fruits, fleurs et plantes.

Les raisons de leur migration et leurs moyens pour retrouver le même lieu que leurs ancêtres restent un peu énigmatiques.

On a longtemps pensé qu'ils recherchaient en migrant un climat plus chaud, jusqu’à ce que l’on découvre qu’ils allaient dans la forêt de Michoacán une région montagneuse, à plus de 3000 mètres, et des températures souvent proches de zéro. Comme les papillons ont le sang froid, ils s’adaptent très vite au climat.

Ils hibernent là, et attendent le printemps. Ils migrent en fait pour la chaleur printanière qui leur permet d’être à maturité pour se reproduire. Leur cycle se termine par le voyage retour de plus de 4000 km  survolant une grande partie de l’Amérique du Nord.

Leur potion magique est l’asclépiade, une plante qui contient une substance toxique pour les autres papillons et qui rend également les monarque vénéneux pour leurs prédateurs. La couleur orange dissuade les prédateurs qui savent que leur proie est probablement toxique. Les papillons se nourrissent d’asclépiade en chemin également. Ils synchronisent d’ailleurs leur trajet avec la pousse de l’asclépiade. Cette plante est aussi médicinale pour eux car elle leur permet de se soigner contre les parasites qui les infectent.


Les raisons de cette migration et comment les papillons retrouvent le même lieu que leurs prédécesseurs après plusieurs générations demeurent partiellement énigmatiques. Ils utilisent un genre de compas solaire situé dans son cerveau, et des horloges circadiennes situées dans les antennes.


Les œufs sont déposés sur les asclépiades. Quelques jours plus tard il en sort une chenille qui s’alimente de la plante et devient donc immangeable pour les prédateurs. La chenille se développe puis tisse sa chrysalide où elle s’enferme pour se métamorphoser en 12 jours en joli papillon, qui partira pour le nord au mois de mars. 

 

A partir de mi février la reproduction devient dominante. En mars c’est le départ. Une fois en Amérique du Nord, les femelles déposent leurs œufs sur des asclépiades. Ce seront les générations intermédiaires, qui vivent et meurent en Amérique du Nord. Il y en a souvent deux. Puis leurs œufs constitueront la cohorte qui migrera au Mexique à l’automne.

Les papillons des 3 premières générations vivent environ 5 semaines, alors que la génération migratrice vit jusqu’à neuf mois.

 Depuis les années 90 leur nombre avait dramatiquement chuté. La survie de l’espèce dépend surtout de l’homme qui doit mieux protéger la forêt du Michoacan et les asclépiades sur toute la zone de leurs trajets, en s’opposant à la déforestation illégale et aux pesticides. A cause des herbicides utilisés par l’agriculture intensive les asclépiades deviennent rares et même quand les monarques parviennent à atteindre le centre des États-Unis, ils peuvent avoir de la difficulté à se reproduire, faute de plantes hôtes. Des appels ont été lancés aux populations sur leur trajet pour replanter des asclépiades.

 Bonne nouvelle, ces dernières années le nombre de papillons est de nouveau en augmentation, grâce aux efforts du gouvernement pour lutter contre la déforestation et pour protéger les asclépiades. On considère qu’ils sont à présent plus d’une centaine de millions.